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      Le Maréchal de Belle-Isle

 

 LA CONFERENCE NATIONALE DES ACADEMIES - 2010

 METZ- 6/7/8 OCTOBRE 2010

 

« L'Utile »

 

Si jamais l'on avait gardé de la ville de Metz une image ancienne, marquée par son passé de ville de garnison, austère et froide, par le déclin industriel de la Lorraine, plusieurs fois victime de l'occupation étrangère et bouleversée en conséquence dans sa démographie et son urbanisme, cette vision est révolue : la Conférence Nationale des Académies de provinces, réunie cette année dans la cité mosellane, a renversé tous ces clichés. En accueillant les 6, 7 et 8 octobre les représentants de 31 académies, l'Académie nationale de Metz a fait la preuve tout à la fois de l'énergie passionnée et généreuse de ses membres et de la vitalité, de la modernité de leur ville.

L'événement, qui fêtait les 250 ans de la compagnie, a dépassé de beaucoup ce que l'on attend de la célébration d'un anniversaire, qui plus est « académique ». Il a témoigné de la part active que peut prendre une académie non seulement dans la connaissance du passé, mais aussi dans le devenir d'une région.

Très heureusement centré sur le thème « Urbanisme, image du pouvoir », le colloque a marqué la fidélité de l'Académie à son fondateur, le maréchal duc de Belle-Isle qui dota la ville de son premier plan d'urbanisme, mais il a manifesté sa volonté d'aider dans le présent à la réconciliation avec le passé en évoquant le deuxième plan (prussien) d'urbanisme sous Guillaume II, les résistances architecturales à l'occupant, les épreuves surmontées de la pluralité religieuse, toujours visibles dans ses monuments.

Il fut offert aux 257 académiciens des provinces françaises présents, réunis successivement dans les édifices principaux de la cité, magnifiquement réhabilités et réemployés, de vivantes communications prolongées sur le terrain par des commentaires précieux au cours de visites-promenades en ville et dans la région messine. Ainsi présentés l'Arsenal, la Cathédrale aux multiples vitraux, le Temple Neuf, la gare impériale, l'avenue Foch, les places, les voies d'eau. ne sont plus seulement des rendez-vous touristiques, mais autant de traces - émouvantes - de la vie des hommes qui ouvrent à jeter des ponts vers l'avenir. La discrète demeure de Robert Schuman où fut pensée l'Europe et l'étonnant Centre Georges-Pompidou-Metz en sont les derniers signes, profondément réconfortants. L'image de la ville ainsi dressée est belle aux yeux de ses habitants. Elle est riche d'enseignement pour les visiteurs privilégiés qu'étaient les académiciens des provinces françaises.

Dans la composition de ces trois journées où sont intervenus des orateurs aux fonctions diverses, il fallait savoir lire aussi le rôle de l'Académie elle-même au cours de sa longue histoire. Rien de mieux pour la caractériser que de rappeler sa devise : « L'Utile ». Utile en effet, elle le fut autrefois lorsque, dans le souci de participer à l'essor industriel, elle se donna pour mission de développer l'instruction populaire, comme elle l'est aujourd'hui en ouvrant en faveur du dialogue interreligieux. Elle l'est encore par les encouragements qu'elle donne aux travaux historiques et aux projets culturels. Elle l'est de façon générale en misant sur l'ouverture, les multiples liens à tisser avec les sociétés sours et voisines et l'implication de ses membres dans la vie de la cité.

Que Christian Jouffroy, le nouveau président de l'Académie de Metz, Jeanne-Marie Demarolle, actuellement présidente de la Conférence Nationale et tous les académiciens organisateurs de cette fructueuse rencontre soient chaleureusement remerciés pour ces « utiles » perspectives.>

Geneviève André-Acquier