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  Le Maréchal Foch

 " La seconde bataille de la Marne ou les métamorphoses d’une guerre "

par M. Jean LUIGGI, membre titulaire (séance du 3 octobre 2016)

 C’est une conférence instructive et richement illustrée qu’a livré à un nombreux public M. Jean Luiggi, secrétaire de l’Académie, sur le sujet La seconde bataille de la Marne ou les métamorphoses d’une guerre. En juillet 1918, les armées alliées et les armées allemandes se trouvaient à nouveau confrontées sur la Marne. Depuis 1914, bien des choses avaient changé : dans le commandement, dans le matériel, dans les uniformes et dans la manière de combattre. Tel était l’objet de cette étude. Le 28 mars 1918, Paris est sous le feu de la « grosse Bertha ». Le général Ludendorff tente de séparer les forces françaises et britanniques. Côté français Pétain a remplacé Nivelle avant de céder le commandement à Foch.

 

            Adapter l’uniforme à la guerre moderne : tel est le premier leitmotiv de Foch et de ses adjoints. On opte pour un casque assez léger mais esthétique,le casque Adrian ; la tunique demeure fidèle au bleu . Deuxième réforme : les régiments de cavalerie sont peu à peu remplacés par des divisions blindées . A sa prise de commandement, le général Pétain se trouve face à une grave crise d’effectifs. Il développe l’artillerie lourde à grande portée, crée des parcs à munitions, donne une impulsion sans précédent à l’arme aérienne dont il pressent l’avenir alors que Foch n’y trouve pas d’utilité. Une mitrailleuse va équiper ensuite les avions et Roland Garros sera le premier  à envisager le tir à travers l’hélice . En 1918, l’aviation militaire atteint sa pleine maturité.

            Juin 1918 : la quatrième offensive est stoppée ; le général Mangin a mis en place une riposte foudroyante. Ludendorff ne s’avoue pas battu et lance 47 divisions, de Château-Thierry jusqu’à l’Argonne. Il est encore mis à mal, le 18 juillet, par Mangin qui débouche de la forêt de Villers-Cotterêts, les Allemands étant obligés de battre en retraite. Cette date marque une rupture entre les deux commandements en chef : Foch, grâce à sa contre-offensive fulgurante, l’emporte stratégiquement sur Pétain, obligé désormais de se retirer. Au total, cette seconde bataille de la Marne aura démontré la difficulté de coordonner les trois commandements alliés : le français avec Pétain, l’anglais avec Haig et l’américain avec Pershing.

            Dans cette fin ce combat, Foch accorde toujours sa préférence au représentant de la nation alliée aux côtés de qui l’on se bat. Les Allemands sont épuisés par une quatrième année de conflit ; les combats se faisant toujours aussi violents et mortels. Et Jean Luiggi de lire un extrait du journal de marche du 416e Régiment d’Infanterie où… combattait son oncle. Ils seront in fine 1 316 000 combattants qui perdront la vie pour la défense de leur pays. Le conférencier pouvait conclure : « Ils avaient pour chef le maréchal Foch qui avait enseigné la stratégie de l’Empereur à l’Ecole de Guerre ; il lui en restait certainement un peu ! ».

            Il revenait au président Philippe Bécade de conclure. Il précisait : « Merci d’avoir rappelé l’existence de cette seconde bataille de la Marne, avec son caractère meurtrier, qui annonce la fin d’un conflit mondial de quatre ans. Vous nous avez dépeint la figure du maréchal Hindenburg généralissime allemand qui deviendra chancelier et qui transfèrera le pouvoir à Hitler. Vous nous avez parlé du souci de Pétain d’économiser les hommes ce qui explique peut-être sa popularité et de ses relations difficiles avec Foch qui décida contre son avis de l’offensive finale soutenu en cela par Pershing. Tandis que le 30 mai 1918 avait eu lieu la dernière charge de  cavalerie sans que toutefois celle-ci disparaisse de l’armée française. Enfin vous nous avez parlé du rôle majeur de l’apport massif  des Américains en hommes et en matériel conduisant l’ennemi à demander l’armistice… ».